Bonsoir à tous,
Ce soir nous voici rassemblés pour un film Danois qui a marqué la fin des années 80 !
Le festin de Babette, un film de Gabriel Axel qui en est le scénariste et le réalisateur, ce film a reçu 2 distinctions prestigieuses en 1988 :
– Le Bafta du meilleur film non anglophone à la 42ème édition des Bafta (Césars Anglais).
– l’Oscar du meilleur film étranger à la 60ème édition des oscars.
En France le festin de Babette reçoit le Grand Prix du Jury au 1er Festival du cinéma nordique de Rouen en 1988, il est nommé pour le César du meilleur film de l’Europe communautaire en 1989 à la 14ème édition des Césars.
Alors comment vous parler de ce film sans trop vous dévoiler l’intrigue si ce n’est que dans son titre l’évocation d’un repas hors du commun devrait devenir le centre d’intérêt pour nous spectateurs curieux et gourmands de nourriture terrestre et spirituelle !
Je ne vous dis rien de plus sinon que ce festin se passe dans un village reculé du Danemark !
Il y aura ceux qui ont déjà vu le festin de Babette et puis ceux qui vont le découvrir ce soir en espérant qu’il vous touchera comme cela a été le cas pour moi.
Ce film va nous permettre de participer à plusieurs plaisirs essentiels, celui des mots, celui d’une écoute musicale ou dramatique, celui du temps partagé, du plaisir d’un regard convié, et venir prendre place à la table de l’histoire.
Gabriel Axel a lu la nouvelle de Karen Blixen appelé le diner de Babette, une écrivaine qui s’est fait connaitre particulièrement par son roman autobiographique Souvenirs d’Afrique qui a été porté à l’écran en 1985 par le réalisateur Sidney Pollack au nom plus connu Out of Africa, film qui a obtenu sept oscars et nombreuses distinctions au plan international.
Gabriel Axel a retranscrit en image l’écriture et l’imagination éblouissante de Karen Blixen par un conte moderne ou le merveilleux n’a d’autre pouvoir sur la vie que de rendre les échecs, les regrets et la mort plus doux.
Ce réalisateur prend place donc parmi les cinéastes conteurs, qui aiment leur histoire, mais aussi leurs personnages et leurs acteurs qui sont ici tous magnifiques.
Un point sur la carrière du cinéaste :
Gabriel Axel est décédé en 2014 à l’âge de 95 ans.
Né en 1918 à Aarhus, au Danemark, Gabriel Axel a fait ses études en France où il fut comédien de 1945 à 1950.
Elève de Louis Jouvet, il était fidèle à la leçon de ce dernier : « Mon petit père, raconte l’histoire qui est dans la pièce ».
De retour à Copenhague, il mit en scène de nombreuses œuvres françaises, en particulier de Molière, Marivaux et Giraudoux.
Les très nombreux films qu’il réalisa au Danemark, pour le cinéma ou pour la télévision, passèrent relativement inaperçus en France, si l’on excepte La Mante rouge, qui reçut une récompense technique à Cannes en 1967.
Dans les années 1970, mais cette fois pour la télévision française, Gabriel Axel réalisera quelques téléfilms assez remarquables parmi lesquels un petit bijou, Le curé de Tours, d’après Honoré de Balzac, dans lequel on retrouve les acteurs Jean Carmet, Michel Bouquet, Micheline Boudet et Suzanne Flon.
Gabriel Axel dut attendre 1987, et la projection du Festin de Babette à Cannes, dans la sélection Un certain regard, pour connaître la célébrité. Cela faisait alors quatorze ans qu’il réfléchissait à l’adaptation du diner de Babette.
Dans un entretien au Monde, il avait raconté pourquoi les conseillers de l’Institut du cinéma danois refusaient d’accorder une subvention à son projet. « Non cinématographique, me disait-on ». Finalement, en 1986, l’un des deux conseillers a été convaincu du projet.
Le film a eu droit à une subvention couvrant 80 % du budget, il a été coproduit avec la France, et a obtenu l’avance sur recettes.
Onze semaines de tournage ont été nécessaires pour tourner le film.
Les extérieurs tournés sur la côte Est du Jutland, avec un village construit tout exprès.
Et dans le rôle de Babette, aux côtés d’acteurs qui furent ceux de Carl Dreyer dans Dies Iræ, Ordet et Gertrud, une extraordinaire actrice Stéphane Audran.
Après le succès mondial du Festin de Babette, suivront quatre autres longs-métrages non dénués d’intérêt :
Christian en 1989, le périple d’un jeune Danois en Europe et au Maroc.
Le Prince de Jutland en 1994, avec Gabriel Byrne, Helen Mirren et Christian Bale, qui raconte la légende du prince Amled (prononcé Hamlet).
Lumière et compagnie en 1995 puis Leila en 2001.
Le parcours de Stéphane Audran au cinéma:
Stéphane Audran est décédée en 2018 à l’âge de 85 ans.
Née à Versailles en 1932, son nom de naissance est Colette Suzanne Dacheville.
Après avoir pris des cours de théâtre, elle fait sa première apparition au cinéma en 1957 dans Le Jeu de la nuit de Daniel Costelle, où elle joue aux côtés de Maurice Pialat.
Elle tient ensuite un petit rôle non crédité devant la caméra de Jacques Becker pour Montparnasse 19.
Son charme acidulé séduit tout de suite Claude Chabrol, qui la fait tourner dès 1959 dans Les Cousins, film du tout début de la nouvelle vague où il porte déjà un regard féroce sur la province et sa petite bourgeoisie.
Cette rencontre décisive amène l’actrice à entamer une longue collaboration avec ce réalisateur qu’elle finira par épouser en 1964 après s’être séparée de l’acteur Jean-Louis Trintignant.
En 1979, elle remporte le César du meilleur second rôle pour sa composition dans Violette Noziere, où elle joue aux côtés d’Isabelle Huppert, qui fait ici sa première incursion chez Claude Chabrol.
Stéphane Audran a toujours su choisir ses rôles avec clairvoyance, mais autant sa beauté était idéalement exploitée dans l’univers Chabrolien, autant elle est sous-employée chez d’autres cinéastes.
Dès la rupture avec Claude Chabrol en 1980, elle change totalement son type de rôles au cinéma.
Désormais, elle joue les personnages déplaisants et vulgaires comme Coup de torchon, Mortelle randonnée, ou elle excelle dans le registre odieux.
Puis vient Le Festin de Babette en 1987, où elle campe avec tendresse le rôle-titre !
En 2006, l’actrice tourne une dernière fois avec Isabelle Huppert et Claude Chabrol dans L’ivresse du pouvoir.
Elle donne aussi la réplique à son fils, Thomas Chabrol, 5 fois dans Au petit Marguery ou Jours tranquilles à Clichy, notamment.
En 2008 pour son dernier film elle accompagne Louise Bourgoin lors de ses premiers pas sur grand écran dans La Fille de Monaco, réalisé par Anne Fontaine.
En 2012, Le Festin de Babette bénéficie d’ailleurs d’une ressortie dans les salles de cinéma en France.
Stéphane Audran a reçu plusieurs distinctions
1986 : Chevalière de la Légion d’honneur
1988 : Chevalière de l’Ordre de Dannebrog au Danemark
1990 : Officière de l’ordre national du Mérite
1997 : Commandeure de l’ordre des Arts et des Lettres
Elle a reçu les prix suivants
L’Ours d’argent de la meilleure actrice pour Les Biches à la Berlinale en 1968
Le Prix d’interprétation féminine pour Le Boucher au Festival de Saint-Sébastien en 1970
Le Bafta de la meilleure actrice pour Le Charme discret de la bourgeoisie et Juste avant la nuit en 1974
Le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Violette Nozière en 1979
On peut trouver Le Diner de Babette, lu par Stéphane Audran aux éditions des femmes, coll. « Bibliothèque des voix »
Un mot sur la musique du film
Elle est assurée par le compositeur Danois Per Nørgård qui est une figure majeure de la musique contemporaine Danoise et vous pourrez entendre de la musique classique.
En vous souhaitant une bonne projection !
MF

